Chapitre 3 : Pour le bien de l’Amérique (posté par Merry le mercredi 31 Août 2005 à 16h57)
Lieu : Aéroport de LAX
‘Alors, quoi de neuf à la maison ?’ demanda Hurley, assis sur la banquette arrière de la voiture familiale.
Quatre heures s’étaient écoulées entre son arrivée a LAX et le moment où son frère avait fait démarrer le moteur de la grande berline. Une autre personne aurait pesté contre le monde entier et passé sa mauvaise humeur contre tout individu l’approchant à moins de dix mètres mais ce n’était pas le genre d’Hurley. Et puis, il était, pourrait-on dire, habitué à ce genre de mésaventures et quiproquos. Au début, il n’avait pas cru à sa chance d’avoir passé un voyage sans souci. Aucun problème à l’enregistrement, pas de bip inexplicable à la sécurité, aucun retard, peu de turbulences... Mais il avait eu raison de ne pas y croire. Occupé par les retrouvailles avec sa famille, il avait par mégarde oublié son sac à dos quelques mètres plus loin. Cela n’avait pas tardé. La sécurité avait été alertée, la zone évacuée, et quand Hugo avait osé aller taper sur l’épaule d’un des agents (celui qui semblait être le chef avec son air important et son talkie-walkie) pour les prévenir qu’ils faisaient erreur et que le sac lui appartenait, il s’était aussitôt retrouvé entouré d’une dizaine de soldats puis conduit dans une salle d’interrogatoire pendant que ses affaires, composées principalement de quelques vêtements de rechange et d’une brosse à dents, subissaient les assauts de la brigade anti-terroriste.
‘Asseyez-vous, Mr Reyes’ dit le responsable de la sécurité, les yeux sur le passeport d’Hurley, alors que les agents l’amenaient dans la salle.
Hugo s’exécuta et se mit tout de suite à protester d’un ton calme.
‘C’est juste un malentendu Monsieur...’ Il jeta un oeil au badge accroché à la poche de chemise de son vis-à-vis. ‘Mr Krause.’
‘C’est Officier Krause,’ répondit celui-ci tout en continuant à feuilleter le passeport. ‘Vous savez, c’est ce qu’ils disent tous. Et neuf fois sur dix, c’est la vérité. Mais comment pourrais-je bien faire mon travail si je laissais filer les gens sur leur bonne foi au risque de louper cette occasion où le danger est bien là ?’
‘Je comprends mais ne trouvez-vous pas que c’est un peu excessif comme méthode ?’
‘J’oeuvre pour le bien de l’Amérique, vous me remercierez, vous verrez.’ Il leva enfin les yeux du passeport. ‘Vous étiez en Australie je vois. Raison du séjour là-bas ?’
Hurley se pinça les lèvres. La vérité, c’était qu’il voulait des informations sur les nombres maudits qui créaient le chaos autour de lui. Mais il ne pouvait pas sérieusement lui parler de ça. Il le prendrait pour l’un de ces gourous de sectes prédisant l’apocalypse parce que le ciel leur avait envoyé un signe sous forme d’une pomme de terre de leur jardin ressemblant à Jésus.
‘Les affaires,’ répondit Hurley, regrettant aussitôt de ne pas avoir dit ‘tourisme’ à la place.
‘Et quel genre d’affaires ?’
‘Des investissements, des trucs, vous voyez quoi.’
‘Non, je ne vois pas... des trucs hein ? Quand les gens sont un peu vagues sur leurs activités, mon expérience me dit que c’est qu’ils cachent quelque chose... Et vous y êtes resté...’ Il se pencha de nouveau sur le passeport, consultant la date du visa. ‘Plus de deux mois ? Sacrées affaires que vous tenez là.’
‘Vous ne comprenez pas...’ Hurley se tenait à présent la tête entre les mains. ‘Je fais partie des survivants du crash du vol 815... vous en avez sûrement entendu parler ?’
‘Oui j’en ai entendu parler, tout comme vous je vois. Reyes... c’est mexicain ça non ?’
‘Chilien. Mes grands-parents étaient Chilien.’
‘Mexicain, Chilien, c’est bonnet blanc et blanc bonnet tout ça.’
Hurley ferma les yeux pendant quelques secondes. ‘Encore heureux que je ne sois pas Sayid... le pauvre, il doit en subir des préjugés ici...’ murmura-t-il pour lui-même.
‘Sayid ?’ s’écria l’officier. ‘Vous connaissez un Sayid ? Quelle est votre relation avec la dite-personne ?’
Trois coups secs à la porte vinrent interrompre la longue discussion qui s’annonçait. Un agent s’avança et donna toute une série de paperasse à Krause. Celui-ci le remercia et les parcourut des yeux.
‘Votre sac a été neutralisé, Mr Reyes, rien à signaler... hormis que vous avez bien peu de bagages pour quelqu’un revenant d’un séjour de deux mois en Australie.
‘Je vous ai déjà dit que-’
‘Oui oui je sais le crash de l’av-’ Il s’arrêta net au milieu de sa phrase. ‘Oh.’
‘Qu’il y a-t-il ?’ demanda Hurley.
‘Je suis vraiment désolé de cette méprise, Mr Reyes’, dit-il d’une voix beaucoup plus aimable, comme s’il ne venait pas juste d’insulter ses origines mais plutôt de lui servir un steak trop cuit dans un restaurant. ‘Au nom de l’aéroport international de Los Angeles, je souhaiterais vous présenter des excuses,’ ajouta-t-il avec un sourire tellement faux et forcé qu’il en était effrayant. Le genre de sourire qu’aurait eu Hannibal Lecter en accueillant ses invités à dîner.
‘Si vous le souhaitez, nous pouvons affréter une limousine pour vous raccompagner chez vous...’
‘Non c’est bon, ma famille, qui m’attend depuis-’ il jeta un coup d’oeil à l’horloge du bureau ‘-deux mois et deux heures et demie, est venue me chercher.’ Hugo se leva. ‘Vous ne m’en voudrez pas si je ne vous serre pas la main...’ Il sortit de la pièce sans fermer la porte derrière lui.
Ensuite, il avait fallu éviter la horde de journalistes et de badauds mis au courant de sa présence. Hurley essaya de jouer la discrétion mais sa corpulence ne passait pas inaperçue et il fut vite repéré et presque poursuivi par la foule alors qu’il courait vers la voiture. Courir, toujours courir, fuire... fuire les nombres maudits, les ours polaires, les systèmes de sécurité qui mangent les gens... cela ne s’arrêterait-il jamais ?
Dans la voiture, Diego essayait de trouver une station radio ne diffusant pas d’informations à propos des miraculés. Il finit par trouver enfin de la musique, qui se révéla être le premier tube de Driveshaft. Mais Hurley n’entendait pas la chanson, couverte par les jérémiades de sa mère à propos des voisins de sa nouvelle maison. Il mit les mains dans les poches de sa veste et sortit un objet ovale de celle de droite. Il avait bel et bien ramené quelque chose de l’île en fin de compte. Mais cela ne comptait pas vraiment comme souvenir, il y était arrivé avec. Il aurait bien aimé également retrouver sa BD... une édition si rare en espagnol...
‘Est-ce qu’on peut s’arrêter au drugstore avant de rentrer ?’ demanda-t-il soudainement. ‘J’ai besoin de piles pour mon discman.’
Suite chronologique - Sayid - Désorienté Suite logique - Hurley - Homeward Bound