Episode 6 – Destins croisés (Partie 1) (posté par Zurabinho le jeudi 17 Août 2006 à 0h13)
Lieu : ‘’Ile souterraine’’
‘Tout est fini…’, lâcha Beckett. ‘Marty, l’interrupteur !’ Sayid ne put esquisser un seul geste. Floyd, qui avait répondu au surnom, s’était aussitôt jeté sur le mur. Un léger cliquetis s’ensuivit, puis un grondement, sourd, se fit place dans une salle déjà peu hospitalière.
‘Qu’est-ce que cela signifie ?’
’Destruction du bâtiment, Sayid. Irréversible. Belle fin, n’est-ce pas ? Car c’est votre fin, aussi.’ L’Irakien ne savait plus à quoi s’en tenir. ‘N’espérez pas revoir le lever du soleil, ni respirer l’air frais matinal. Ici, à quelques 50 mètres de la surface de la Terre, où les ténèbres se referment. Où deux serviteurs fidèles mourront en martyrs, avec eux un soldat qui en savait trop (Trop sur quoi ?), et la femme de sa vie, qui aura servi de simple appât. Le FBI ne vous reverra pas, Sayid. Si seulement vous aviez répondu à nos questions, simples questions, nous aurions juste lavé votre esprit…’ Vrai cataclysme ou simple mascarade ? A mesure que la terrifiant vacarme s’intensifiait, le sourire de Beckett s’élargissait. Alors que penser ? Il avait beau être sceptique (aucune manifestation physique du séisme, ou alors étaient-ils encerclés ?), la terreur qui s’installait en lui à son insu le poussait à agir en conséquence, comme en situation désespérée.
Il reprit ses esprits :
‘Où est-elle ?’
‘Vous tenez à savoir ? Salle d’exécution, quelques mètres au–dessus de votre revolver, qui ne vous est d’ailleurs d’aucune utilité. Je vous conseille de…’
‘OU EST-ELLE ?’ La satisfaction sadique de Beckett était évidente. ‘’salle d’exécution… au-dessus…’’ oui mais COMMENT la trouver ? Le petit, lui, ne bougeait pas : il tremblait. Tétanisé par la tournure des évènements, subissant semblait-il ce qu’il avait lui-même aveuglément déclenché. Sans rien comprendre, mais toujours prêt à rendre service à son maître. Prenant ainsi conscience qu’ils ne lui seraient d’aucun secours, il perdit tout scrupule à tirer sur deux condamnés à mort. Soudain…
‘Floyd, le bouton rouge ! Vite !’ Cette fois, Sayid n’hésita pas une seconde. Trois coup de feu, retentissants. L’homme s’étala de tout son long, raide mort. Sans réfléchir, le grand se leva d’un bond, pour se précipiter vers ce mystérieux deuxième interrupteur. L’ex-militaire avait rechargé, mais visiblement, plus de munitions. Il s’élança alors désespérément sur Beckett, et lui assena un monumental coup de crosse en pleine tempe. Ce dernier, qui s’écroula à son tour, n’avait pas plus atteint son but. Et Sayid put distinguer l’inscription située au-dessus du fameux bouton, gravée à la va-vite sur une petite plaque dorée. ‘’Close’’ : Fermer. Remarquant que l’autre ne bougeait plus, il réfléchit en quatrième vitesse, prenant le soin de vérifier le compte de Floyd. Tandis que le volume sonore augmentait sournoisement, le nouveau maître des lieux se fit la réflexion que si le trépas les attendait, tous, l’attitude des deux était pour le moins difficilement compréhensible : pourquoi l’enfermer avec eux alors ? Espéraient-ils des réponses, avant la fin ? Non. Tout cela était louche, trop louche sans doute. Et alors que Beckett prononçait ses dernières paroles, qui n’allaient frapper son esprit que plus tard, Sayid se dit, tout en se dirigeant vers la suite du labyrinthe, que s’il y avait le moindre espoir, il se devait de s’engouffrer dans la brèche. De saisir sa chance. Leur chance. Ne serait-ce que pour elle…
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Nadia courait. Elle courait, montait quatre à quatre les marches des escaliers, traversait à toute allure les corridors sans lumière, escaladait avec agilité les échelles de secours. Où se trouvait-elle ? Quand donc sa course effrénée allait-elle se heurter au cataclysme ? Le grondement semblait toujours s’approcher, mais ne jamais prendre forme. Pourquoi la porte de sa cellule s’était-elle ouverte ? Ses ravisseurs, puisqu’elle semblait bien prisonnière, avaient-ils une quelconque raison pour l’envoyer ainsi à la rencontre de ce funeste destin, au lieu de laisser celui-ci venir à elle ? Nadia n’en avait pas la moindre idée. Elle courait. Quand…
‘Nadia ?’
C’était sur un palier entre deux escaliers, tortueux, irréguliers. Une atmosphère sombre, des murs grisâtres et très peu de clarté. Un lieu qui n’avait rien d’accueillant, à l’origine. Un lieu, dont on pouvait dire presque à coup sûr qu’il était conçu pour retenir ses occupants, ne pas les laisser fuir. Un lieu qui en rappelait un autre, aux antipodes de leur existence, où les chemins s’étaient séparés par le passé. Une prison d’Etat. Leur dernier souvenir commun, le dernier instant précédant sa première mort à lui. L’ultime, avant le début d’une autre vie, pour elle. Cette fois-ci leur fin à eux deux clorait l’histoire, et la boucle serait bouclée.
Nadia n’avait rien perdu : toujours aussi belle, de cette beauté fatale qui annonce un destin douloureux, tout en rendant compte à présent d’un passé mouvementé. Ils se sont regardés, longuement. Peu importent les évènements, peu importe le trépas. Ils pouvaient en finir désormais, tandis qu’ils étaient enfin réunis… Puis ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre, fondirent en larmes (autant l’un que l’autre), voulurent parler mais leurs sanglots les en empêchaient. Convulsionnés. Comme les morts d’un décès naturel, avant même le déclenchement de la douleur physique.
Puis vint le temps de la raison : ces quelques instants, si intenses, ils s’étaient retrouvés, et à présent ils devaient trouver une solution dans l’urgence. Envers et contre tout, fuir. Elle devait fuir. Sayid savait. Ses premiers mots pour elle, il les voulait heureux, rassurants :
‘Il n’y a pas de fin… pas pour l’instant.’ Nadia le fixa dans le blanc des yeux. Elle pensait d’abord à une allusion à leur éternelle histoire, mais alors pourquoi cette précision temporelle ? Et pourquoi ce sourire, vrai, sincère, rieur, qu’elle ne lui avait jamais connu ?
‘ « Pressez le bouton rouge en cas d’extrême urgence. Simulation d’autodestruction. » C’est ce que j’ai lu dans un manuel, que j’ai trouvé dans une sorte de salle de commandement.’ Moue non moins dubitative de Nadia. Sayid lui résuma alors la situation :
‘…et quand je suis arrivé dans cette salle des machines, je me suis rendu compte que l’ouverture des gaz, et des cellules, y étaient notamment concentrées, ainsi que quelques écrans de contrôle. C’est là que je t’ai aperçue. Salle numéro 2, dite d’exécution. A priori, tout laisse à penser que nous ne sommes que deux ici….
‘…et tu m’as libérée !’, acheva-t-elle, infiniment reconnaissante (et cela se remarquait à son expression). ‘Je n’ai pas osé t’interrompre, mais… quelles étaient ces paroles de Beckett à ton départ ?’ Sayid inspira à fond, sembla hésiter puis se lança :
‘Vous en savez trop.
L’Ile ne laisse pas partir…’
Suite chronologique - Shannon - Les Larmes de l'Île, partie 5 Suite logique - Sayid - Destins Croisés, partie 2
