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SAWYER

 

chapitre 1

3ème partie (posté par Lou le mercredi 17 Août 2005 à 16h21)

 






 

 


Sawyer s’était assis par terre, sous la pluie.
Sa chemise et son pantalon lui collaient à la peau. La tête dans les mains, il écoutait les gouttes tomber autour de lui, et l’eau ruisseler dans le caniveau.
Il avait fermé les yeux, ne voulait plus les ouvrir. Pas tout de suite.

Il avait cru voir Kate.
Il avait cru la voir, mais ce n’était pas elle.
Il était Sawyer, le cauchemar des honnêtes gens, et lorsqu’il rouvrirait les yeux, sa vie allait continuer, comme si rien ne s’était passé, ni sur cette île, ni dans sa tête. Rien n’avait vraiment eut lieu. Kate n’était plus qu’un vague souvenir incrédule. Le crash, la jungle, le radeau, et tous ces trucs inexplicables avaient déjà pris un goût onirique.
Peut-être avait-il rêvé. Après tout. Pourquoi ne pas croire ça ?
« Elle » n’était pas là, il n’y avait que lui dans cette rue abandonnée, lui et ce chat tigré maigre et efflanqué, abrité sous cette voiture aux vitres brisées.

Lorsqu’il rouvrirait les yeux, il lui faudrait se mettre debout, de nouveau, rejoindre cette chambre vide et sombre comme une tombe, y attendre le lever du jour, puis il lui faudrait aller trouver Hibbs près du bayou Lafourche.
Il lui faudrait ne pas trembler, ne plus trembler, et se venger. Une nouvelle fois.
Il était fait pour ça, c’était la seule chose qu’il pouvait faire.
Peut-être alors qu’une partie –au moins- de la douleur, s’atténuerait.
Il sentait la lettre, son épaisseur, dans la poche arrière de son jean. Elle lui tenait chaud, elle, au moins. Les yeux toujours clos, il esquissa un sourire sarcastique à cette pensée.
Pourrait-il à nouveau revêtir un costume chic et sourire de toutes ces dents à une riche idiote ? La prendre dans ses bras et lui promettre un amour éternel ?

Ses chaussures étaient pleines d’eau. Il redressa la tête, ouvrit les yeux. Il avait cessé de pleuvoir.
Une brume grise montait par lents volutes des bouches d’égouts.
Sous la voiture, le chat bougea un peu, Sawyer tourna la tête vers lui.
C’était un chaton.
Il regardait Sawyer droit dans les yeux, visiblement affamé et apeuré, mais avec une sorte de défi dans le regard. « Je suis seul et faible, mais si tu approches, tu pourrais quand même perdre un œil », disaient avec intensité ces billes vertes aux pupilles fendues.
Sawyer le regarda longtemps.







Près d’une heure plus tard, Sawyer poussait la porte de sa chambre.
Ses chaussures couinaient à chaque pas et ça l’agaçait profondément. Il les enleva, et d’un coup de pied les envoya valser à travers la pièce. Puis il ôta sa chemise, et se dirigea vers la salle de bain. Il dut faire couler l’eau de longues minutes avant que celle-ci ne devienne suffisamment tiède. Sawyer se déshabilla, et sans plus attendre se glissa sous le jet.
Quelle délicieuse sensation. Il lava ses cheveux avec le savon déjà utilisé de l’hôtel. Il pris plaisir à faire mousser le pain entre ses doigts, à sentir la texture moelleuse de la mousse épaisse se diluer sous l’eau.
Il ferma les yeux, s’appuya contre le mur carrelé. Il aurait aimé rester là des heures, des jours. A ses pieds, une crasse noire s’évacuait par le siphon. Il avait été si sale que ça…
Sentir l’eau sur sa nuque lui rappela l’eau fraîche et pure des grottes. La cascade près de laquelle ils avaient plongé, un jour, avec Kate, cela semblait être il y a des années.
Il se rendit compte que ses pensées tournaient en boucle, et que quoi qu’il fasse, elles le ramenaient à cette fille. C’était ridicule.
Culpabilité, se dit-il. Je me sens coupable d’être en liberté, moi, alors qu’elle, elle est en taule.
C’est tout. Ca va passer.

Il sortit de la douche et s’enroula dans le peignoir bleu accroché derrière la porte. Il avait craint que celui-ci ne dégage une odeur pestilentielle mais à sa grande surprise, il sentait le frais et le propre.
Il retourna dans la chambre. Lorsqu’il tenta de nouveau d’allumer le poste de télévision, celui-ci n ‘émit qu’un faible grésillement, puis plus rien .
« Ben voyons, machine de mes deux ».

Il jeta un œil sur le radio-réveil posé sur la table de chevet : 1h58.
Il allait dormir , encore quelques heures, jusqu’à ce que cette interminable nuit finisse.
Demain il irait récupérer un flingue chez cet armurier du Quartier Français, et ferait ce qu’il avait à faire.

S’allongeant sur le lit, il s’étira pour ouvrir une poche latérale de son sac de voyage, et en sortit un paquet de gâteaux acheté avant le départ de Sydney. Il avait foutrement faim.
En voulant refermer la glissiére, un objet blanc tomba au sol.
Sawyer fronça les sourcils, la bouche déjà pleine, et se pencha pour mieux voir. C’était l’un des messages enroulés que Charlie avait réunis dans la bouteille qu’il lui avait confié.
Comme ce truc était il arrivé là ?
Tout en se léchant un doigt, il récupéra le papier, et le déroula.
Celui-ci avait pris l’eau et l’encre avait bavé par endroits. Une partie restait visible :

« … et que quoi qu’il arrive, je vais bien. Mais maintenant je sais que j’avais raison à propos des nombres, je l’ai toujours su……. Et………. Tout……………… s’il vous plaît, plus d’in…..
… tout était de ma faute………………………………………cette île……….. pardon. »

La signature avait été complètement effacée.
Sawyer relit plusieurs fois le message.
…Ca veut rien dire…


Il ne s’endormit que lorsqu’il eut terminé le paquet de gâteaux, une main posée sur le message.

Suite chronologique - Hurley - Miraculés                    Suite logique - Sawyer - Nuit Noire, partie 1

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