LA LOI DES SERIES (posté par rillyboy le mardi 30 Août 2005 à 12h38)
La peur de l’avion avait disparue. Au contraire, prendre l’avion était devenu un plaisir obsessionnel. Charlie commençait à sentir le besoin de prendre l’avion souvent. Heureusement que les déplacements sont longs aux USA ! Il s’était réveillé plusieurs fois en sueur lors des vols. Chaque fois, il rêvait que l’avion s’écrasait sur une île inconnue. La déception était de mise à chaque réveil. Après tout, quelle attache avait-il encore ici ?
« Nous amorçons notre descente vers l’aéroport de Los Angeles International. Le temps y est doux et la température avoisine les 19°. » Charlie s’étira lentement. Le vol depuis Seattle n’avait duré que deux heures et demie, mais celui-ci lui avait paru beaucoup plus long. L’effet de manque se faisait sentir de plus en plus tôt dans la journée maintenant. Au début, Charlie s’était tenu à un petit shoot tous les soirs, histoire de sentir bien pour monter sur scène. Mais le shoot de fit lentement un peu plus chargé, un peu plus profond, témoin de la plaie que Charlie portait dans son âme. Allait-elle se refermer un jour ?
Il était midi moins dix lorsque Charlie et ses compagnons sortirent de l’aéroport. Un bus les emmena à leur hôtel. Ils devaient y rester cinq jours au total, le temps de faire les trois dates prévues. Vers treize heures, ils déjeunèrent tous ensemble dans un salon privé qui leur était exclusivement réservé. Le hall de l’hôtel se remplissait petit à petit de fans ayant aperçu l’arrivée de Charlie. Lorsque Charlie sortit du salon pour retourner vers sa chambre, une sorte de vague secoua la marée humaine. Tous voulaient un autographe de Charlie, lui serrer la main ou lui faire la bise. Le service de sécurité de l’hôtel évacua quatre personnes qui étaient tombées dans les pommes.
Charlie était comme un coq en pâte, toujours aussi heureux d’attirer l’attention, d’être le clou du spectacle, de ressentir autant d’amour. Cette sensation n’était qu’un mur d’eau évitant à la fumée de le déranger, mais la fumée était bien présente. Il fallait « paraître » devant tous ces gens, leur montrer ce qu’ils étaient venus chercher : un peu de joie et de bonne humeur. Cela convenait complètement à Charlie, et ça lui évitait de se poser des questions existentielles sur ce qu’il fallait faire ou ne pas faire.
Devant l’assistance, et après avoir fait fermer les portes du hall, Charlie décida de faire un petit concert privé pour la quarantaine de personnes présentes.
The incandescence of the blaze
Is a witness into your eyes
What are your secrets babe ?
What do you have to hide ?
You carry the world into your belly
Protecting him as a curse prize
What are your secrets baby ?
What do you have to hide ?
Don’t write any more
Don’t mark all these words
Just whisper them for me
Let me be your diary
You seem so vulnerable, so fragile
But too strong to be honest
What do you have to hide?
Baby, what are your secrets ?
Don’t write any more
Don’t mark all these words
Just whisper them for me
Let me be your diary
The incandescence of the blaze
Is a witness into your eyes
What are your secrets babe ?
What do you have to hide ?
Don’t write any more
Don’t mark all these words
Just whisper them for me
Let me be your diary
Charlie venait de faire un petit set de 5 chansons, seul à la guitare. C’était un fait assez rare, et les gens repartirent comblés. Charlie se sentit léger et retourna dans sa chambre. Il décida de faire un petit somme.
Il se retrouvait maintenant devant sa maison de Los Angeles. Le jardin n’était pas entretenu et les herbes lui arrivaient jusqu’aux genoux. A l’intérieur, il eut la désagréable surprise de trouver le vestibule vide. Pareil pour la cuisine. Il s’arrêta à l’entrée du salon. Seul le lustre principal était encore en place et tenait de façon archaïque. Une corde y était accrochée. Au bout de la corde, un corps de dos, pendu. Le lustre lâcha et dans un vacarme assourdissant, Charlie vit le visage de l’homme pendu. C’était Walt ! Il le voyait étouffé, les yeux révulsés…
Le réveil affichait seize heures et quart. Ca ne s’arrêtera donc jamais se dit Charlie. Ca devait faire la huitième fois que Charlie faisait ce rêve depuis le départ de Londres. Mais d’habitude, c’était lui-même qu’il voyait pendu. Et plus il se rapprochait de Los Angeles, plus les détails semblaient précis. Il pouvait presque sentir les herbes frotter ses jambes, les odeurs de peinture de la cuisine… Mais alors pourquoi Walt ?
Il remit son tee-shirt, passa rapidement par la salle de bain pour se passer un coup d’eau sur le visage. Il se vit dans le miroir, fatigué, les yeux cernés. Non, ne pas céder à la tentation, tu auras ta dose ce soir, dit-il à son reflet. Il fallait qu’il s’occupe rapidement, physiquement et spirituellement, pour combler cette sensation de manque. Il décida d’aller à sa maison, pour faire disparaître les rêves, pensa t’il.
Après environ trois quart d’heure de route, le taxi s’immobilisa devant la grande bâtisse blanche. Charlie ne pensait pas la retrouver si propre. « Ca fait 42 $ s’il vous plaît » dit le chauffeur en regardant Charlie dans le rétroviseur. Charlie paya l’homme et descendit. Il se demanda un instant si Liam était là puis avança vers la boîte au lettre. Celle-ci indiquait Mr & Ms Potts. Merde alors ! Charlie décida de sonner, au cas où. Un homme, la quarantaine, plutôt baraqué, sortit par la porte principale. « Oui ? criat-il
- Euh, bonjour ! Je suis Charlie Pace. Je suis le propriétaire de la maison, vous louez à Liam Pace ? Parce que …
- Non, nous avons acheté la maison cet hiver. Si c’est pour vendre quelque chose, je ne suis pas intéressé, coupa l’homme. » Et il referma la porte.
Charlie était décontenancé. Même ici, il n’avait plus rien. Liam avait du revendre la maison sans le prévenir pour garder tout l’argent. Il descendit l’allée et tourna sur la première avenue qu’il trouva. Le premier bar fit l’affaire et Charlie tenta d’enterrer sa tristesse dans la bière et l’héroïne.
Suite chronologique - Claire - 29 Novembre 2005 Suite logique - Charlie - Toucher le fond...