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Episode 3 – La théorie du chaos (posté par Zurabinho le dimanche 6 Novembre 2005 à 22h39)

Lieu : Un pick-up noir, quelque part entre Irvine et Jacksonville

 

 

 

 




Sayid se réveillait en douceur. Le soleil était encore rasant et le paysage défilait lentement devant ses yeux à peine ouverts. A travers ses cils, il pouvait distinguer de vastes champs de culture. Sayid rêvait de liberté. Jamais depuis que la CIA lui avait mis le grappin dessus, il ne s’était senti libre, et finalement une île perdue au milieu de nulle part était le seul endroit dans lequel il avait pu s’épanouir.

Cette fois-ci, il avait rêvé de Nadia. Il s’était promis de ne pas penser à l’île pendant un mois, du moins jusqu’à ce qu’elle soit libérée. Sayid ne l’imaginait pas une seule seconde ne pas s’en sortir. Il ignorait s’il allait avoir son rôle à jouer, mais il n’avait pas le choix. Locke aurait été présent, il lui aurait parlé de destinée…

''Ne pas penser à l’île !''

‘Sayid, vous allez bien ? Vous venez de crier, sans doute un cauchemar : j’imagine que ce n’est pas ce qui manque en ce…’
‘Merci, Danny ! Je n’ai aucun problème, je ne fais pas de cauchemars !' L’agent du FBI se retourna, surpris.
‘Je suis désolé…’
‘Ne vous excusez pas. Je suis un peu tendu en ce moment.’ Malkowicz se concentra à nouveau sur la route, jetant des regards furtifs dans le rétroviseur central.

Sayid dévisageait son chauffeur. Ce grand gaillard blond avait les traits creusés d’un homme de cinquante ans, mais le sourire d’un gamin. Il se demandait comment un homme comme lui avait intégré une organisation comme le FBI, grouillant de petites crapules qui ne pensent qu’au pouvoir et à l’argent. Malkowicz, lui, semblait sincère.

‘Quelle heure, chauffeur ?’
‘Midi passé. Nous n’allons pas tarder à nous arrêter dîner.’ Sayid se rendit compte qu’il était affamé : le beurre de cacahuètes, ça ne rassasie pas un homme.

- - -

La voiture stoppa dans une vieille station-service délabrée.
‘Le ‘’Last Halt’’, une des aires de repos les plus anciennes des Etats-Unis. Et l’une des plus mal conservées… ‘

Les deux hommes pénétrèrent dans le bâtiment principal. Dans cette vieille baraque, on avait installé un bar pour les routiers. Malkowicz prit un bière.
‘Pas d’alcool pour moi, je vais prendre un soda.’
‘Pas d’alcool ?’ Malkowicz sourit, puis se ravisa.
Accoudé au comptoir, l’agent évita le sujet de l’île. Buvant lentement son soda, Sayid lui en était reconnaissant. Les deux hommes discutèrent des Etats-Unis. En fait, Sayid posait les questions et Danny lui répondait. L’Irakien comprit à quel point les Américains tenaient à leurs symboles, comme le World Trade Center. Sayid n’avait jamais connu ces gens, et de part l’image qu’il en avait eu depuis toujours en Irak, il ne les avait jamais aimés. Danny le convainquit en quelques secondes, que tous n’étaient pas des nationalistes exacerbés, comme tout n’est pas noir ou blanc. Il avait beaucoup d’amis aux quatre coins du pays, dont un à Jacksonville. Il irait bien sûr lui rendre visite. L’anniversaire de Danny, c’était le lendemain, et il allait le passer sur la route. Quel boulot ingrat, tout de même. Pas pire que garde national sous Saddam Hussein, mais ingrat quand même.

‘On n’a toujours pas mangé…’, se hasarda Sayid.
‘Bonne remarque. Les sandwiches sont dans la voiture.’
Les deux hommes se hâtèrent d’engloutir leur repas sommaire, et repartirent de plus belle sur les grandes highways américaines.

- - -

‘Is it the truth ? Is it in my mind ?
Tell me, tell me,
I must know what you see.’

‘Change de radio, Danny’

‘Yes my favorite place to be
Is not a land called Honah Lee
Oh mentally or physically
I wanna be in New Orleans.’

- - -

La nuit était maintenant bien consumée, et on pouvait dèjà distinguer clairement les étoiles dans le ciel d’encre.
‘Sayid, si tu veux on en discute…’
‘De l’île ? Pas la peine.’
‘De Nadia…’
‘En tant qu’agent du FBI, tu dois tout savoir de ma vie : tu viens de me le prouver à l’instant. Alors pourquoi en parler ? De toute façon, je n’ai rien à te dire.’
‘Eh ! Tous les agents du FBI ne sont pas des espions ! Personnellement, je suis juste chargé d’accompagner des suspects sur des longs…’
‘Suspects ?’
‘Un travail fatiguant, mais finalement agréable, même s’il n’est pas très bien payé.’
‘Et moi, je suis suspecté de quoi, Danny ?’ L’agent dévisagea Sayid gravement.
‘Je… Ecoute. J’ai… accepté ce trajet-là en remplacement d’une personne qui gagne trois fois plus que moi. Qu’importe la raison pour laquelle on m’a demandé de t’amener libérer cette fille, alors qu’eux étaient certainement en mesure de le faire, ce job était une opportunité pour moi…’ Sayid sentit ses nerfs lâcher.
‘Toujours se méfier des apparences... Je suis envoyé en tant qu’agent intérimaire du FBI, pour affronter des ravisseurs pas très compatissants. Tout çà pour quoi ? Intelligence avec l’ennemi ? La CIA, en Australie ? C’est eux qui sont venus à moi.’
‘Sayid… le crash. Un proche de réseaux islamistes dans un prétendu accident, l’idée fait vite son chemin chez ces gens-là. Mais maintenant, tu vas coopérer gentiment…’

Soudain, le pick-up fit une embardée, percuté de plein fouet.

Sayid eut le temps d’apercevoir une voiture blanche freiner brutalement, puis le chaos.

La sensation de perte des repères.

La vie défilant devant vos yeux, vous ne pouvant pas agir autrement que par réflexe de survie.

Enfin la sensation d’être plaqué au sol avec une violence inouïe.

Sayid mit quelques secondes à ouvrir les yeux. Danny était étendu à côté de lui. Les yeux figés et la bouche ouverte. Sayid reprenait peu à peu ses esprits, lorsque des voix s’élevèrent dans les ténèbres…

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