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Episode 4 – Hors d’atteinte (posté par Zurabinho le mercredi 11 Janvier 2006 à 21h54)

Lieu : Inconnu

 

 

 

 

 



Quatre murs, pas moyen de se perdre. Sayid errait, lui semblait il, depuis quelques minutes en attente d’un évènement, quelqu’il soit, qui puisse lui faire entrevoir une issue. Eclairé par un néon grésillant, il commençait à ressentir l’effet de la faim et de la soif. Etat des lieux : seul dans une pièce de cinq mètres sur cinq, de même pour le plafond. Seul, avec une lumière tremblotante éclairant par intermittence le petit cube gris. Cette fois-ci, il avait gardé en mémoire des bribes de son accident : une embardée violente, du sang, des voix ? Il se souvint s’être débattu avant de sombrer dans le néant. Mais avec qui ? Qui sont-ils ? Que lui veulent-ils ? Son estomac le rongeait de l’intérieur, et Sayid de regretter de n’avoir presque rien avalé sur la route. Et, chose étonnante, il n'avait recensé aucune blessure, alors que Danny... y était sûrement passé.

Soudain, semblable à un oiseau de fer à la sortie d’un nuage, une porte improbable se dessina dans le mur brut. Malgré tout, elle restait close. Sayid se demanda ce que cette technologie était censée apporter : A quoi bon ? Il n’était pas un fugitif invétéré. Et même s’il avait fait fuir Nadia en Irak, cette fois-ci il était dans le rôle du captif, et un simple cadenas aurait suffi. Car s’il n’avait été dépouillé de la plupart de ses effets personnels, son couteau, notamment, lui avait été subtilisé.

‘Monsieur Sayid Jarrah Hassan, salle de décompression’. Il se retourna vivement et scruta la pièce : aux quatre arêtes supérieures lui étaient apparus quatre haut-parleurs, par un ingénieux jeu d’éclairage.
‘Salle d’interrogatoire prête. Préparez-vous’. L’homme, à la voix rauque, parlait avec un parfait accent américain, et ne donnait pas l’air de plaisanter. ‘’Salle de décompression ? Salle d’interrogatoire ?’’ pensa Sayid.
‘Ne craignez rien…’ C’était une autre voix. Plus haineuse, presque machiavélique. L’ex-soldat pris son courage à deux mains,et s‘engagea dans le tunnel.

Ne distinguant rien à plus de trois mètres, Sayid entendit sans se retourner la porte coulisser et refermer la salle. Cela suivait la logique, sa logique de prisonnier. ‘’La seule issue se trouve désormais au bout du tunnel’’,se dit -il, amer. Il trébucha soudain, et en se relevant, malgré une lumière très faible, un volute de fumée, presque imperceptible, se dessina sous ses yeux. Une idée terrifiante lui traversa alors l’esprit. Par réflexe, et pour vérifier sa théorie, il tenta de se souvenir ce à quoi il pensait dans cette cage.
‘Cette cage’, répéta Sayid. L’écho lui renvoyait ce son, mais quelques secondes plus tard, il en perdit toute signification, excepté sa définition d’origine. ‘’Une cage ? Quelle cage ?’’ Pourtant , Sayid se souvenait d’un accident, et il était certain que celui-ci était bien antérieur à cette ‘’cage’’. Il se souvenait Nadia, il se souvenait l’île. Depuis quand alors était-il ici, si sa mémoire récente était perpétuellement supprimée, comme il le pensait ?

‘Moins d’un mois ?!’, s’écria Sayid. Mais à peine avait-il prononcé ces mots, qu’il ne se souvenait pas de la raison de ses dires. ‘Un mois…’, lui répétait l’écho. C’était la période fixée par les ravisseurs… mais pourquoi avait-il prononcé cela à ce moment ? Et où était-il ?

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‘Arrêtez-vous’, dit calmement une voix grave. Sayid sursauta.
‘Qui… qui est-ce ?’ Il avait, machinalement, continué à traverser le tunnel, mais pas de souvenir de voix. Comme aucune réponse ne se faisait entendre, il stoppa, et reprit :
‘Qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ? C’était vous, l’accident ! Et Malkowicz ?’
‘Si vous parlez de votre chauffeur, Sayid, je crains bien que nous l’ayons achevé…’
‘Il était encore en vie ?!’ Pour toute réponse, un léger grincement se fit entendre, et peu à peu la lumière envahit le corridor. Une porte s’était ouverte.
‘Vous avez coupé les gaz, Floyd ?‘, reprit la voix rauque.
‘C’est fait.’
‘Et les micros ! Qu’est-ce que c’est que c’est que ces… imbécile !’

Sayid n’en saisit pas plus, mais n’était pas rassuré. Malgré tout, les ‘’gaz’’ semblaient désormais coupés. Et quel que soit leur but, il avait conclu de cette discussion supposée privée, que ces substances n’intervenaient que dans le tunnel. Il aurait le temps d’y réfléchir.

C’est alors qu’il aperçut deux silhouettes faire irruption dans le hall qui lui faisait face. Un géant, impressionnant, et un autre, plus trapu. Il eut un mouvement de recul, mais son dos heurta une surface rigide. Pris au piège. Sans issue. Adoptant dès lors une attitude résolument active, Sayid s’avança vers les deux hommes. Il pénétra dans ce qui s’avéra être une grande pièce, haute, mais baignée d’une atmosphère étouffante. Et la clarté, occasionnée par plusieurs spots puissants, ne faisait que mettre en évidence le sinistre teint grisâtre de cette salle.

‘Parfait. Avancez-vous, monsieur Jarrah. Pas de gestes brusques. Floyd !’ Le plus petit braqua son pistolet, un magnum, sur Sayid, pourtant pas assez proche pour frapper. Tandis que ce dernier s’arrêtait, le grand, qui semblait être le meneur, reprit la parole :
‘Le temps est venu de nous présenter, n’est-ce pas ? Et pourtant nous nous connaissons tellement bien… Moi c’est Beckett, lui Floyd, je passe sur les fonctions professionnelles, inutile de dire que c’est top secret.’ L’orateur avait pris un air ironique. Le prisonnier, lui, se posait des questions : ils se connaissaient ? Pas de trace dans ses souvenirs, en tout cas.
‘Bien entendu, nous usons de pseudonymes, variables, et non de patronymes civils. Donc, si jamais, vous réussissez à sortir… avec votre tête, n’espérez pas nous faire arrêter : nous sommes très mobiles…’
‘Qui êtes-vous…’ Beckett sortit un poignard de sa poche de veste.
‘Ne vous avisez pas de poser les questions. C’est notre job, çà. Mon collaborateur vous aura toujours dans le viseur, ne l’oubliez jamais…’ En effet, le petit excité, qui semblait être un hispanique, gardait l’œil dans l’axe de son arme, et le doigt sur la gâchette.
‘Allez, tourne-toi, et laisse toi faire par le chef.’ Tout compte fait, ce ne serait pas le cerveau, mais la brute qui l’empêcherait de fuir. Mais Sayid gardait son esprit en alerte, guettant le moindre de ses mouvements, avançant subrepticement lorsqu’une occasion se présentait… Il essayait de gagner du temps.

‘Pourquoi pas deux armes à feu ? Pourquoi un pistolet et un…’
‘Beckett a dit : pas de questions !’
‘Laisse… de toute façon, c’est sans importance : une stupide erreur, j’ai quand même failli y passer. C’était à New York, un type noir, pas très costaud. Il s’est bien défendu non d’un chien, mais j’ai surtout été stupide ! Il me l’a arraché des mains, je n’ai rien pu faire. Ce flingue, c’est le sien, maintenant. Mais plus sûrement il l’a rendu aux flics, je parie qu’il sait même pas s’en servir.’ Son regard était destiné à en dire long. Mais Sayid se demandait où il voulait en venir.

‘Joignez-les mains derrière votre dos. Floyd ! Fais gaffe…’ Le petit teigneux planta le canon de son arme sur la tempe de Sayid. Les yeux exorbités. La moindre erreur, pensa l’ex-garde national irakien, il la paiera cash.

Mais il avait désormais les mains menottées, derrière son dos, comme Jin lorsqu’il avait frappé violemment Michael. Il s’en souvenait. Le Coréen l’avait bien mérité à l’époque. Mais lui, qu’avait-il à se reprocher ? De toute façon, il n’avait opposé aucune résistance : ce n’était pas le moment…

‘Sayid’, reprit Beckett gravement.

‘Cela fait 30 jours.’ Sayid réagit instantanément, terrorisé :

‘Nadia !’

Suite chronologique - Shannon - Les Larmes de l'Île, partie 2      Suite logique - Sayid - Six Pieds sous Terre

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