(posté par Nunya le samedi 27 Août 2005 à 12h02)
Kate ouvrit les yeux péniblement. La nuit avait été plutôt inconfortable dans cet immense entrepôt qui longeait North Rampart Street. Pendant quelques secondes, elle se sentit totalement perdue, et massa ses poignées. Pourquoi en était-elle arrivée là ? Qu’allait-t-elle faire maintenant ?
Les cartons s’empilaient à coté d’elle, des centaines, peut-être des milliers de boîtes décoraient le paysage, ornant fièrement le titre « Reyes ». Reyes… qu’est-ce que c’était au juste ? Kate toucha sa nuque qui la lançait, comme si elle avait prit un coup en pleine nuit, puis fouilla longuement ses poches pour y tâtonner l’arme qui s’y trouvait. C’était une « sécurité », pourtant, elle semblait incapable de s’en servir.
Des bruits de pas se firent entendre de l’autre coté de la plaque de métal qui tenait debout le bâtiment. Un homme entra. C’était un mexicain de petite taille, qui portait une étrange salopette bleutée. Au vu de l’indication sur sa casquette et des cartons qu’il empoignait fermement, c’était sans aucun doute un employé de la compagnie.
Kate s’avança vers le petit homme.
Le mexicain se redressa et regarda Kate d’un air totalement dubitatif.
« Sophia… ? Sophia Clark ? »
Kate acquiesça lentement de la tête.
« Ca alors, vous avez dormi ici ? Vous n’êtes prise que depuis quelques heures, et vous vous effondrez déjà dans cet entrepôt ? Ca risque de ne pas réellement faire plaisir au patron ça…
- Monsieur Reyes ? coupa Kate
- Bien sur que non, nous n’avons absolument aucun contact avec lui, le transit qui gère ici s’appelle « Voltaire », et il est particulièrement contraignant… encore hier, je me penchais pour ramasser un de ces cartons et… »
L’homme s’arrêta dans sa discussion. Après tout, ce n’était pas très important, et passer du temps à bavarder influait sur l’extension de la pause déjeuner. Il sourit à Kate et se remit à travailler.
Cette dernière empoigna quatre cartons et se mit à marcher en direction de la sortie. Elle n’avait pas l’intention de rester ici, elle avait besoin de réponses à ses questions, mais le temps et l’argent lui faisaient défaut. Vivre sous une fausse identité n’était que temporaire, et elle le savait.
Elle déchargea ses objets dans le camion posé quelques kilomètres plus loin et s’assit lentement pour reprendre son souffle. Elle dévorait le ciel des yeux, en se remémorant ses ex-compagnons, qui lui avaient offert une seconde chance.
Qu’étaient devenu Sayid ? Shanon ? Jin ? Sun ? Walt ? Michael ? Hurley ? Locke ?
Et surtout, qu’étaient devenu Jack… Sawyer… et Charlie ?
Kate alluma la radio pour se changer les idées, elle ne pouvait se permettre de repenser à ce qu’elle considérait maintenant comme un vieux rêve qu’elle aurait laissé s’échapper. Elle se mit à sourire, elle savait ce qu’était devenu Charlie.
« You all, everybody, you all, everybody, acting like it’s stupid… »
L’entrepôt de boîte semblait minuscule vu d’ici. Kate s’amusa à le contempler à travers le creux de sa main, comme elle le faisait des fois avec l’île. Immense, vivable, mais horriblement fermée.
Un cri se fit soudain entendre. Deux hommes élevèrent la voix. Kate se précipita derrière le camion.
Le mexicain hurlait :
« Katerine Austin ? Je ne connais pas de Katerine ici, je ne crois pas que… »
L’homme tomba, se crispant, la main sur le bas ventre. L’autre homme, plus massif et plus imposant, habillé d’une étrange parure noire asiatique semblait ranger quelque chose dans la poche de son pantalon. Il se mit à regarder autour de lui, puis fit un signe de la main. Deux autres hommes investirent l’entrepôt, frappant dans les boîtes et dégradant tous sur leur passage.
Kate regarda l’action d’un air désintéressé. Elle monta doucement dans le camion, força la colonne devant elle afin d’atteindre le neiman puis le camion se mît à démarrer. Kate s’enfuie une nouvelle fois, perdue dans ses pensées.
Elle passerait sa vie à fuir, à chercher des réponses, sans pouvoir prouver son innocence. Elle devait s’installer quelque part peu de temps, afin de pouvoir gagner de l’argent puis changer de pays. Le ventre de Kate se mit à hurler, elle avait faim, et ses problèmes monétaires n’arrangeraient pas cela.
Sur l’île, Locke s’occupait de chasser les sangliers, les tâches semblaient honnêtement réparties entre tous les rescapés. La nourriture, si importante pour un nombre impressionnant de survivants ne semblait n’avoir jamais manqué, comme si l’île leur avait offert tous ce dont ils avaient besoin. Mais c’était terminé, Kate se devait de trouver les moyens pour vivre… peu importe comment l’obtenir. Elle se mit à pleurer, n’en pouvant plus de supporter la pression qu’elle subissait. Elle craqua et s’arrêta en plein milieu de la route campagnarde qu’elle avait empruntée.
Elle se mit à tâtonner l’arme qui se trouvait être dans sa poche. Ca serait tellement facile si…
Mais la liberté était trop importante, Kate devait se battre, pour Tom, pour elle, pour Jack… Elle lui avait promit quelques secondes avant de quitter l’île. Quoiqu’il arrive, s’il y avait un problème, elle devait fuir. Mais elle ne pouvait rejoindre aucun de ses compagnons, ça serait sans doute les premières cibles de cette étrange société qui la poursuivait.
Kate alluma la radio.
« Bienvenue sur Canal 23, il est 16h42, et voici la 4ème de notre top hit du moment, le rescapé du vol 815, Charlie Pace et son tube you all everybody . »
Kate se mit à rire, et pourtant, les larmes ne cessaient de couler. Elle ouvrit la porte, regarda des deux cotés et descendit de l’immense véhicule. North Rempart Street marquait la fin du vieux quartier.
Jason, un employé de bureau lui avait indiqué lorsqu’elle avait travaillé là-bas :
« Ne vous aventurez pas dans les quartiers à risque, notamment le nord de Canal Street et de North Rempart Street, n'oubliez pas qu'aux Etats-Unis, l'atmosphère d'un quartier peut changer d'un pâté de maison à l'autre. Evitez le cimetière de Saint Louis, et faite attention s’il vous plaît, depuis 1997, le parlement de Louisiane a voté une loi autorisant un propriétaire à tirer sur quelqu'un pénétrant dans sa maison ou sa voiture »
Mais Kate n’avait pas le choix, elle repartie dans le sens inverse, d’où elle était venue, en longeant la forêt qui marquait la fin de la rue afin de ne pas croiser les mystérieux hommes qui semblait la rechercher.
Quelques heures plus tard, Kate se retrouvait une nouvelle fois devant le Fiorella’s. Elle décida de rentrer afin de chercher du travail. S’accoudant au bar, une serveuse, plutôt grossière et un tant soit peu rondelette s’approchait d’elle et lui demanda ce qu’elle commandait.
Kate fit signe de la tête qu’elle ne voulait rien :
« Je m’appelle Noah … Noah Ford, j’aurais besoin de travailler ici quelques temps. J’ai déjà été serveuse, et j’ai vraiment besoin de… »
La serveuse se mit à hausser les sourcils :
« Je ne vous ai pas déjà vu quelque part ? Vous n’êtes pas déjà passé à la télé ? Votre bouille me dit quelque chose »
Kate se mit à regarder autour d’elle, et eut le malheur de croiser le regard de l’un des habitués du bar :
« Mais c’est la fugitive de l’avion, la tueuse, il paraît que c’est elle qui a fait crasher le moineau »
Kate empoigna sa veste et remercia la serveuse avant de s’élancer vers la porte.
Le cœur battait à toutes vitesses, elle regardait à droite et à gauche de la rue, de peur d’être repérée. Elle se mit à courir à en perdre haleine, dans les sombres rues qui ornaient l’avenue, la nuit était tombée.
La respiration se faisait haletante, la fatigue trop lourde. Kate s’effondra en plein milieu de la rue ouest.
Avant de tomber, plusieurs voix se firent entendre.
« Oh les gars vous avez vu ça !
- Ouais elle est trop bonne
- On fait quoi on la ramène ?
- Mort de rire quoi, t’en as pas marre de ramener toutes les filles que tu trouves ?
- Bah quoi…
- Un jour tu vas te faire choper par la police, et tu vas morfler sévère
- Mais ils n’en sauront jamais rien, si tu balances, j’te descends
- Ok ça marche, on a besoin d’elle pour Mercredi de toutes façons… »
Suite chronologique - Locke - Chapitre 1 Suite logique - Hurley - Miraculés
